Voilà très longtemps…trop longtemps hélas….qu’une poignée d’amis ne s’étaient pas réunis pour partager un moment privilégié autour de quelques bouteilles de grands vins. En tous cas au golf de Seraincourt.
Il y a quelques années, ce n’était pas rare…
Il y a quelques semaines, alors que je palpais encore une fois les plus beaux flacons soigneusement conservés dans mes caves, je me suis arrêté devant une bouteille de côte-rôtie de Guigal. Une cuvée
Les souvenirs m’envahissent et je revois ce dimanche ou il y a « quelques paires d’années » …comme dirait mon ami Jean-pierre Secondé… MONSIEUR Shoji, le directeur du golf de Seraincourt, que dis-je l’âme de Seraincourt, avait comme chaque année organisée la plus belle compétition de l’année. Cette compétition, tout le monde l’attend et tout le monde espère y être convié.
Pour avoir pendant de nombreuses années eu l’immense plaisir d’être accueilli à bras ouverts par ce golf à l’occasion du Trophée Les Caves Du Roy, je n’ai…presque…jamais ressenti une réelle et sincère amitié pour l’organisateur d’une compétition de golf.
Mais, je m’égare, et peu importe puisque vous ne serez probablement jamais invité à cette compétition…
C’était la remise des prix, des dizaines de bouteilles plus prestigieuses les unes que les autres étaient offertes par notre hôte. Tout le monde gagnait ! Heureusement car si j’avais du compter sur ma performance golfique du jour, je serais peut-être mort de soif.
Par bonheur pour moi, les joueurs appelés, par ordre de leur classement, à choisir une bouteille, s’intéressaient par ignorance, plus à des bouteilles aux étiquettes suggestives, qu’aux meilleurs flacons.
Je lorgnais une bouteille dont l’étiquette était vraiment moche. C’est la raison pour laquelle j’avais, aux vues de mon classement du jour, une chance de me la voir offrir.
Et voilà, je l’ai. Guigal
Nous nous étions compris encore une fois. Et c’est cette même bouteille que j’avais entre les mains l’autre jour, dans ma cave. Cette bouteille, soigneusement conservée dans son écrin de souvenirs.
Alors dès le dimanche suivant j’ai suggéré à Yiochi un petit dîner au club, car il n’était bien entendu pas question une seule seconde que je puisse déguster ce flacon en dehors de la compagnie de celui qui me l’avait offerte.
Et puis, il (le chef d’orchestre des lieux) a organisé le dîner.
Nous serons sept. Un petit dîner entre amis après que le club ait fermé ses portes.
Château Pavie 1955. Premier grand cru classé de Saint-Emilion. A l’apéro c’est pas mal !
Le niveau est bas d’épaule et l’inquiétude se lie sur les visages à l’ouverture de la bouteille. Sera-t’elle encore bonne ? 1955 c’est vieux .
La robe est rouge tuilée aux reflets étincelants.
Le nez exprime tout à la fois des notes compotées et des fruits rouges. Très vites les épices arrivent.
La bouche est d’une incroyable fraîcheur pour son âge. L’acidité est encore présente. Les tanins sont soyeux. Les saveurs sont cohérentes avec les arômes. La persistance aromatiques est très bonne pour un vin de 56 ans. Nous sommes tous bluffés et Yiochi qui avait offert ce vin, soulagé.
Château Latour 1962. Premier grand cru classé de Pauillac…Je vais finir par me nourrir d’apéros…
Merci Christian. 1962 est un millésime modeste à Bordeaux mais Latour est la plus belle réussite de l’appellation dans ce millésime.
Et là, c’est la surprise pour tout le monde. C’est un vin exceptionnel et c’est à ce jour un des plus grands vins qu’il m’a été donné de déguster.
La robe est rouge profond. Belle densité.
Le premier nez exprime le sang de bœuf et les viandes mijotées.
Après quelques minutes d’aération le nez exprime des notes de truffes noires.
La bouche est fraîche, veloutée et équilibrée. Les tanins sont présents et soyeux. La persistance aromatique est remarquable. En deuxième bouche la truffe apparaît.
Ce vin est complexe, élégante et envoûtant. Un grand souvenir.
Ah ! Le dîner est servi.
Guigal
La robe est rouge profond aux reflets noirs.
Nez de truffes.
La bouche a une attaque franche. Bonne acidité pour un millésime chaud. Içi aussi notes de truffes et de viande rôtie. Les tanins sont élégants.
Ce vin a beaucoup de jeunesse, de la fougue et de la puissance à revendre.
Vega Sicilia 1995. Très grand vin d’Espagne. Un des plus grand.
Nous sommes ici dans un univers bordelais. Quand je pense que Christian avait apporté ce vin « au cas où le Latour 1962 n’aurait pas été bon ».
On ne veut pas s’arrêter tout est bon et l’on veut continuer à se régaler. On n’a plus soif mais on va ouvrir ce dernier flacon.
La robe est rouge aux reflets noirs.
Le nez exprime des fruits noirs et des épices.
La bouche a une très belle acidité. Fruits rouges. Les tanins sont un peu serrés. Le vin manque un peu de consistance.
Mais qu’est-ce que je raconte. Après ce que nous venons de déguster, comment faire encore preuve d’objectivité….
Ca c’est Seraincourt….